Wonjin PARK, Emma-Jade DE MOOR, Javiera PARR
Question de recherche : Quelles sont les expériences sonores vécues à Palaiseau et dans quelle mesure peuvent-elles nous éclairer sur la perception et la connaissance du territoire des personnes vivant, travaillant ou visitant ici ?
Planification des entretiens
Collecte de sons
Pour commencer les entretiens, il était nécessaire de disposer d’une base de données de sons suffisamment large pour pouvoir valider notre hypothèse. Nous avons décidé d’utiliser l’application Scout pour enregistrer les sons identifiés lors de notre promenade à Palaiseau, afin d’associer chaque enregistrement aux coordonnées géographiques.
Au total, nous avons enregistré 37 sons, chacun d’une durée de 20 secondes. Tous ces sons ont été analysés dans un tableau Excel, où nous leur avons attribué un identifiant, la localisation associée aux coordonnées, les éléments audibles, un classement indiquant à quel point nous percevions le son comme artificiel ou naturel, ainsi que les types de sons. Ensuite, nous avons décidé de conserver certains de ces sons, de générer un son totalement fictif et de modifier certains sons caractéristiques qui étaient très isolés par rapport au bruit ambiant.

Nous avons créé 5 playlists de 5 sons chacune. Cependant, compte tenu de la durée de l’atelier, nous avons travaillé uniquement avec trois playlists, que nous avons distinguées en fonction des sons de la nature, de la science et de la vie quotidienne.
Matériaux pour les entretiens
Pour chaque entretien, nous avons décidé qu’une de nous prendrait des notes pendant que les autres posaient les questions, enregistraient l’audio et faisaient écouter l’une des playlists. Afin de collecter les informations de manière plus efficace, nous avons créé un canvas sur Fig Jam, qui nous permettrait ensuite d’analyser les informations visuellement.
Nous avons divisé le canvas en 7 zones :

- Sur la gauche, en gris, nous avons placé les informations pour guider et identifier l’entretien.
- Ensuite, en rouge, nous avons 4 questions associées au « Ressenti » pour aider les interviewés à se situer dans l’environnement sonore de Palaiseau :
- Quel est votre ressenti général sur le plateau et la vallée ?
- Sur le plateau : Quels sons avez-vous entendus récemment et qu’est-ce que ça vous évoque ?
- Sur la vallée : Quels sons avez-vous entendus récemment et qu’est-ce que ça vous évoque ?
- Quels sont les sons qui vous semblent faire partie des deux paysages et qu’est-ce que ça vous évoque ?
- Viennent ensuite les questions associées aux 5 sons que nous appelons « Biais & ressenti objectif ». Dans cette partie, nous leur demandons : « Nous allons vous faire écouter 5 enregistrements sonores. Pour chacun, vous pourrez nous parler de ce que cela vous évoque puis poser un sticker sur la carte à l’endroit qui vous semble le plus probable pour un environnement sonore similaire. » Nous leur demandons donc d’abord de nous dire ce qu’ils entendent, puis de le situer sur la carte avec un sticker préalablement numéroté.
- La zone violette est pour identifier la relation de l’interviewé avec Palaiseau. À ce moment de l’entretien, nous avons déjà tout ce dont nous avons besoin, mais pour l’analyse, il est intéressant de connaître leur lien avec la région. Bien que nous précisions qu’il n’y a aucun problème s’ils ne souhaitent pas partager cette information, tous nous ont parlé de leur relation avec le Plateau ou la vallée.
- La zone verte est pour noter les « Commentaires » que les interviewés peuvent avoir à la fin de l’entretien. En général, tous nous ont dit qu’ils avaient déjà tout dit et qu’ils n’avaient rien de plus à ajouter.
- Espace pour scanner la carte que la personne a annotée.
- Espace pour analyser la carte directement dans Fig Jam.
Systématisation des résultats et Conclusions

Pour analyser les résultats des entretiens, nous avons abordé la question de trois manières :
- La relation entre les 21 réponses du « Ressenti »
- La localisation des sons sur la carte en contraste avec leur emplacement réel
- Visuellement, en superposant les cartes pour voir si nous pouvions trouver des correspondances de lieux, des zones plus concentrées ou peut-être des vides
Cela nous a conduit à de multiples conclusions :
Concernant la playlist A, les sons naturels sont spontanément associés à la forêt. Néanmoins, sur 21 stickers posés sur le plateau, seulement 3 se situent à Polytechnique alors que 4 des 5 sons y ont été enregistrés. Ce décalage suggère une méconnaissance du territoire de Polytechnique ou une perception du territoire comme un espace de science et non de nature.
Pour la playlist B, centrée sur des sons associés à la science, les réponses ont révélé une dispersion des sons sur l’ensemble du territoire plutôt qu’une association exclusive avec la zone scientifique du plateau. Seul·es les scientifiques qui y travaillent ont placé des stickers sur polytechnique. Cette difficulté à associer les sons de la playlist B à un endroit précis contraste avec les sons de la playlist C, qui sont plus facilement situés dans des lieux identifiables.
À l’écoute de la playlist C, contenant des sons du quotidien spécifiques, a encouragé les participant·es à raconter une histoire. Par exemple, les résultats de l’écoute d’un son de cloche, pourtant fictif, montrent que l’église Saint Martin est un landmark important pour les participant.es.
La récolte des ressentis subjectifs montre des perceptions distinctes selon les quartiers. Les habitant·es du quartier Camille Claudel ont une image positive du Plateau et de la Vallée, sans distinction marquée. Celleux vivant dans le centre-ville ont une image plus négative du Plateau tandis que les scientifiques qui travaillent sur le plateau ont presque été les seul·es à placer des stickers à Polytechnique, renforçant l’absence de consensus sur le paysage sonore de cette partie du plateau.
Nous avons démontré précédemment que les sons scientifiques étaient plus difficiles à placer pour les participant.es. Les sons plus « identifiables » ont été majoritairement placés sur la Vallée pour laquelle les participant·es arrivent beaucoup plus facilement à un consensus, comme l’illustre la playlist C et les accords sur la localisation des sons de clocher ou d’enfants.
L’enquête semble indiquer que l’imaginaire sonore des personnes de Palaiseau est plus riche pour la vallée que pour le plateau, qui est moins familier, en particulier dans la zone de Polytechnique, peut-être en raison de la précédente fermeture au public du territoire.
