Looking at design through the lens of social sciences

  • A new field of study and topic that change each year. 
  • Students work in small groups and conduct a ‘flash’ empirical study. 
  • 5 days of workshops and fieldwork. 
  • Formulate a research problem, devise original methodologies, carry out an investigation by collecting empirical data, analyse it and present it.

Saclay invisible, entretenir le rêve


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FUSS Madly, BOISHUS Marie, FERRIER Selma, DE MONTIGNY Christiane, MONTAGNON Anna – Novembre 2025 – Design Cognition

INTRODUCTION

Chaque année, un thème est proposé à partir duquel une recherche s’organise sur toute la durée de l’atelier. Pour cette édition, nous avons été invité•es à interroger « le Plateau de Saclay idéal » en ce que cette forme absolue et complète de la pensée d’une situation ou d’un objet permet d’appréhender la réalité vécue au quotidien par les acteur•rices du site et les habitant•es, mais aussi de la construire ou de la déconstruire.
Le thème du « Plateau de Saclay idéal » nous amène d’abord à interroger cette notion utopiste. Un idéal, certes, mais pensé par qui est pour qui ? Entre versions idylliques et idéalisées d’un projet de « nouvelle ville » découlant d’une ambition géopolitique internationale ; quelles sont les réalités vécues derrières l’étendard de la « silicone Valley française » ? 

Lorsque l’on parle d’idéal à Saclay, on pense, entre autres, à l’architecture, aux équipements technologiques derniers cris, ou encore à l’émergence d’une scène de recherche internationale. Mais, quelles sont les réalités vécues derrière cet idéal projeté en fonction de la place qu’on occupe dans l’écosystème du Plateau ? Quel est l’idéal pour les personnes que l’on ne remarque pas, invisibles et invisibilisées, à qui ce projet ambitieux n’est pas directement destiné, et qui, pourtant, maintiennent et prennent soin des lieux ? De cette friction entre projet idéalisé et réalité, émergent des liens d’autonomies et de dépendances dont pourraient émerger à leur tour des formes de résistances et de créations d’un autre « idéal ».

Par le fait que « la nature du service le rend peu objectivable (le propre ne se voit que par son absence) », les métiers du nettoyage s’inscrivent dans la catégorie du « travail invisible »1, socialement déprécié, précaire et aux conditions difficiles. Ce travail, majoritairement exécuté par des femmes, souvent racisées et peu qualifiées, subit ainsi des rapports de domination multiples. Il devient alors un angle pertinent pour interroger la notion d’idéal : tout comme le Plateau nécessite un entretien constant pour rester fonctionnel et agréable, le rêve d’un Saclay idéal repose sur des mécanismes invisibles et fragiles, que seul le travail discret de ces subalternes rend possibles.

Nous les croisons chaque jour, dans les couloirs, dans les escaliers. Nous profitons d’espaces propres et confortables sans pour autant y prêter une réelle attention. Généralement, nous ne connaissons pas les personnes qui prennent soin de ces lieux communs. Pourtant, les différentes activités qui se déroulent dans nos écoles et plus généralement le bon fonctionnement des établissements dépendent en partie du travail fourni par ces travailleur•ses de l’invisible. On pourrait dire que l’autonomie des lieux leur en est, en quelque sorte, subordonnée, tout comme ces travailleur•ses sont dépendantes (et subordonné•es) à leur emploi en tant que moyen financier de subsistance.

Nous nous sommes donc demandé : en quoi le Plateau de Saclay pourrait-il être, ou pas, un lieu de travail idéal pour ces travailleur•ses invisibles ?

Dans le but de répondre à ce questionnement, nous avons tenté d’écouter et de recueillir ce la parole de ces travailleur•ses afin de faire émerger des pistes concrètes favorisant la création d’un idéal commun.

Sommaire

  • Hypothèses
  • Méthodologie
    • Difficultés, stratégies, outils d’enquête et critiques
  • Analyse et retours sur l’hypothèses
    • Analyse des entretiens avec les agent•es du nettoyage
      Le “bureau des plaintes”, un plateau-lieu de travail plus contrasté que prévu
    • Analyse des entretiens avec des représentantes d’institutions
      Du morcellement urbain au cloisonnement des groupes sociaux
    • Analyse des données recueillies par questionnaire
      Nuancier de transparence perçue par les usager•es
    • Croisement des résultats
      Population instable et liens fragiles
  • Conclusion
  • Remerciements
  • Bibliographie/ médiagraphie

Hypothèses

Notre hypothèse est que, en tant qu’étudiant•es,enseignant•es et chercheur•ses, nous bénéficions du travail invisible des agent•es du nettoyage et de la maintenance, ces personnes travaillent dans des conditions difficiles, accentuées par l’invisibilité de leur travail pourtant indispensable.

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